A vif / Kery James

« Les mots ne sont pas assez nombreux pour courir aussi vite que la guerre ».
(La guerre, Le Clézio)

Kery James, poète, auteur, rapeur, acteur, diseur, est de ces artistes surdoués dont le travail est partout reconnu et encensé.
Pour lui, le mot est une arme létale et la phrase assassine.
Mais aussi, par le mot il sait qu’on peut faire triompher l’espoir, donner vie à l’amour, faire accepter la différence.
Dans ce cas, la langue est la meilleure comme la pire des choses (Esope).
Avec son nouvel opus, A Vif, James propose un duel (une battle ?) entre deux professionnels du mot, des avocats, magnifiquement
interprétés par Yannik Landrein et lui-même. L’enjeu est simple, faire admettre à l’autre la nécessité de sa propre existence.
Discours enflammés autant qu’engagés, nous suivons passionnément la joute d’où, nous le comprendrons, ne sortira vainqueur que l’homme multiracial, multiculturel.
La langue jouant un rôle fédérateur, unificateur et pacificateur, pour peu qu’on sache l’utiliser en bien.
Pièce prenante qui nous éblouit par la richesse du vocabulaire et des idées, elle allie spectaculaire et réflexion et propose une distraction d’une rare intelligence.

Tarif Edwige